JUILLET
Le ciel flambe et la terre fume,
La cille frémit dans le blé ;
Et, par un spleen lourd accablé,
Je dévore mon amertume.
Sous l’implacable Thermidor
Souffle la nature immobile ;
Et dans le regret et la bile
Mon chagrin s’aigrit plus encor.
Crève donc, coeur trop gonflé, crève,
Coeur sans courage et sans raison,
Qui ne peut vomir ton poison
Et ne peux oublier ton rêve !
Par cet insultant jour d’été,
Coeur torturé d’amour, éclate !
Et que, de ta fange écarlate
Me voyant tout ensanglanté,
Ainsi que l’apostat antique,
Avec un blasphème impuissant,
Je jette à pleines mains mon sang
A ce grand soleil ironique !
FRANÇOIS JOACHIM ÉDOUARD COPPÉE (1842-1908).
Uit: Les Mois (ca. 1878), opgenomen in dl. 3 (van de 6)
Poésies (1864-1905).